Systèmes d’Information pour la Supply Chain.
A la fin des années 50, deux chercheurs américains prédisaient dans la prestigieuse revue « Harvard Business Review » une évolution majeure des organisations suite à l’introduction de nouvelles technologies de l’information. Ces prédictions se sont réalisées sur plusieurs décennies et ont véritablement transformé les modes d’organisation connus jusqu’alors.
Au cours des années 90, on constate une accélération des flux physiques par l’ouverture des marchés à l’échelle mondiale.
Mais aussi un accroissement de la pression concurrentielle dans de nombreux secteurs d’activité. Et un raccourcissement du cycle de vie de nombreux produits.
Le client est au centre des préoccupations des entreprises et la notion de service va s’imposer comme moyen de différenciation.
Cela implique une logique de réactivité basée sur la vitesse de réponse… Et la nécessité d’intégrer l’ensemble de la chaîne logistique ; concept né dans les écrits de Forrester et repris dans les années 90 par une communauté d’acteurs composés de chercheurs et de consultants.
Parallèlement à cette évolution des marchés, les technologies de l’information et de la communication vont également connaître des évolutions majeures :
- développement d’Internet et des échanges électroniques,
- augmentation de la rapidité des processeurs et de la capacité de stockage,
- développement des architectures en réseau.
Si les années 90 ont marqué l’avènement des ERP qui ont permis aux entreprises d’unifier leurs bases de données, les années 2000 marquent le développement de familles d’outils, ou progiciels, permettant aux entreprises d’accompagner leurs projets d’optimisation, et en particulier de s’interconnecter avec leurs partenaires en amont et en aval.
La globalisation des marchés, à l’origine d’une remise en cause des modèles de management classiques (statiques et orientés sur une seule organisation), implique des formes organisationnelles nouvelles, globales, sans frontières. Maillant des sites de production mono-produits plus ou moins externalisés Et relayés par des plateformes logistiques multicanaux gérées par des prestataires logistiques (3PL, 4PL).
Le pilotage de cet ensemble se fait en temps réel ; avec des architectures informatiques complexes et interconnectées. Et cela nécessite de savoir réagir rapidement aux aléas et aux fluctuations de la demande des clients… Les délais commerciaux s’étant considérablement réduits avec le raccourcissement du cycle de vie des produits et l’augmentation du nombre de références.
Pour chaque maillon de la chaîne logistique, les systèmes d’information sont organisés autour d’un ERP,
complété par des systèmes de planification (SCP : Supply Chain Planning) et d’exécution (SCE : Supply Chain Execution) ; qui vont permettre d’atteindre des objectifs de service qui reposent sur :
- des délais de livraison courts,
- une gestion différenciée des clients dont les exigences en terme de produits s’orientent vers la personnalisation,
- et une intégration des acteurs de la Supply Chain de plus en plus forte (voir Figure 11).
Les outils de planification s’expriment par des solutions logicielles appelées APS (Advanced Planning and Scheduling).
Les entreprises les trouvent soit sous la forme de solutions packagées (comprise avec l’ERP), soit de solutions dites « Best of Breed » (proposées par des éditeurs indépendants) spécialisées dans :
- l’anticipation (prévision des ventes à partir de modélisations statistiques d’historiques de ventes et de données collectées auprès de tiers),
- la planification sous contraintes
- et l’optimisation des flux d’approvisionnement, de production et de distribution.
Sur le plan du pilotage des opérations, les outils d’exécution de la Supply Chain (SCE) ont pour rôle de communiquer les informations sur le flux physique en temps réel ; afin de détecter les anomalies et de mettre en place des systèmes d’alerte qui doivent être analysés par les autres systèmes.
On trouve dans cette famille des outils de gestion :
- des commandes (AOM),
- des entrepôts (WMS),
- du transport (TMS)
- et des outils de pilotage de la production (MES).
Ces solutions sont plus récentes et le marché des éditeurs est encore émergent, notamment pour les TMS.
Les éditeurs de SCE historiquement centrés sur le traitement de la commande (centrale d’achat, gestion commerciale, d’entrepôts, du transport, des points de vente) offrent désormais des systèmes qui permettent de prévoir et d’optimiser les approvisionnements.
La tendance est à l’intégration des solutions et au développement des complémentarités ; afin d’accroître la fiabilité et la visibilité informationnelle sur l’ensemble de la chaîne.
Cependant, le manque de coordination et d’intégration des acteurs reste un problème récurrent pour de nombreuses entreprises… Malgré l’existence d’outils développés qui permettent de piloter une Supply Chain de manière globale.
On constate aujourd’hui que le couplage entre les flux physiques et les flux informationnels est indispensable au pilotage de la Supply Chain… Et semble accélérer un processus de fond de reconnaissance de l’aspect stratégique du Supply Chain Management par les dirigeants d’entreprise.
Cependant, même si la plupart des entreprises sont équipées de systèmes d’information performants, on constate que les problèmes de stock, de délais, de ruptures demeurent présents… Et génèrent des coûts que les entreprises cherchent à tout prix à éliminer.

Une autre vision de ce tableau, plus fonctionnelle, peut se présenter selon la figure suivante :

Auteurs : Philippe BORNERT, AGILEA / Damien BROCHARD, AGILEA.