Les Smart Metrics selon la Théorie des Contraintes

Dans le cadre de son expansion, AGILEA a été amené à participer à la conférence TOCICO en juillet 2017. TOCICO est un organisme de certification. Il propose annuellement une revue d’études de cas et des nouvelles pratiques associées à la Théorie des Contraintes. AGILEA a eu l’honneur d’intervenir sur les approches Chaîne Critique et Fabrication. Dans les prochains mois, nous vous proposons de revenir sur les différentes présentations qui ont marqué cette conférence annuelle.

Dans la logique des Smart Metrics proposés par le Demand Driven Institute [1], d’autres disciplines se sont aventurées dans ce type d’indicateurs, qui ont pour but de réconcilier les vues stratégiques et tactiques de l’entreprise.

Par exemple, quels sont les indicateurs qui peuvent être directement traduits dans une logique de flux et financière ?

La Théorie des Contraintes a proposé deux indicateurs qui ont pour but d’aller vers cette direction : l’Investment Dollar Day (IDD) et le Throughput Dollar Day (TDD).

Ces indicateurs sont succinctement présentés dans deux romans :  « Un an pour sauver l’entreprise » [2] et « Evident, non ? » [3]. Comme la Théorie des Contraintes le suggère, il convient de se mettre d’accord sur le problème, la direction de la solution et la manière dont il faut la mettre en œuvre.

Throughput Dollar Day (TDD)

Le problème décrit est le suivant : Comment prioriser les commandes les unes par rapport aux autres dans un carnet de commande client, notamment quand elles sont dans en retard ? Traditionnellement, les entreprises sont prises dans un étau : soit commence par livrer les dates les plus anciennes ; soit placer en priorité les valeurs les plus élevées. Dans les deux cas, le choix est perdant / perdant :

Par exemple, quelle est la plus prioritaire entre une commande en retard de 3 semaines pour un montant de 10 € et une commande en retard d’une journée pour un total de 1 M€ ?

  • Si vous priorisez la commande à 1 M€, on viendra vous reprocher la profondeur du retard ;
  • Si vous priorisez par rapport aux dates, on vous expliquera que c’est bien, mais que vous êtes passé à côté de 1 M€ de chiffre d’affaires.

Sentiment de déjà vu ?!

Goldratt, en tant qu’ex-professeur de physique, suggère de combiner les unités de mesures. En effet ce qui est commun à ces deux approches est l’unité de temps.

Ce que propose la théorie des contraintes est double :

  • S’affranchir de la notion de chiffre d’affaires pour intégrer la notion de Throughput
  • Composer ce Throughput avec le nombre de jours de retard de vos commandes.

Throughpout = Chiffre d’Affaires de la commande – Achats directs de cette commande

L’unité n’est plus Euros ou Date mais Euros.Date ou Dollar.Day. En prenant le carnet de commandes sous cet angle, une entreprise est capable de mesurer et proposer la bonne priorisation des commandes à l’intérieur de son système ! Dans une logique de Supply Chain, nous pourrions même intégrer les valeurs générées par le client, afin de prioriser par rapport à la demande des clients finaux.

Ce qui est également intéressant dans cette approche, c’est qu’elle est proche d’un autre concept très fréquemment utilisé dans les entreprises : le Retour sur Investissement (ROI). En effet, le retour sur investissement repose sur la même combinaison de temps et de valeur

Pour conclure, le TDD est la composante de deux unités : le temps (lié aux commandes) et les finances du système. Il répond à des critères de flux physiques et financiers en même temps.

Sources : 

[1] Staying Demand Driven; How to sustain the Demand Driven operating model using smart metrics, by Debra Smith, CPA, and Chad Smith. Institute of Management Accountants’ Strategic Finance Magazine. December 2013 edition

[2] Un an pour sauver l’entreprise traduit de l’anglais – titre original Necessary But Not Sufficient. E. Goldratt, C. Ptak, AFNOR (2003)

[3] Evident, non ? traduit de l’anglais – titre original « Isn’t It Obvious? ». E. Goldratt (2009)