Avec un marché de presque 4 000 milliards d’euros pour les vingt prochaines années, le marché aéronautique mondial a un bel avenir devant lui ! Tout l’enjeu pour les constructeurs aéronautiques est de ne pas rater ce rendez-vous et d’être prêts à satisfaire une demande toujours plus forte. Pour faire face à ce défi, c’est l’ensemble de la chaîne industrielle qui doit s’adapter pour mettre en place un modèle de sous-traitance agile.
Une part de sous-traitance de plus en plus forte
Au fil des nouveaux programmes, les constructeurs aéronautiques ont externalisé une part de plus en plus importante de leurs activités, en raison d’un recentrage sur leurs core business.
Le nombre d’acteurs industriels s’est donc multiplié avec une forte internationalisation en raison des taux de change €/$… La supply chain s’est fortement complexifiée.
La sous-traitance a également largement évolué sur le plan qualitatif.
D’une sous-traitance capacitaire, la supply chain est devenue une sous-traitance de spécialité ; capable de concevoir et produire des sous-ensembles complexes d’avion.
L’augmentation des cadences de production
En 30 ans, l’industrie aéronautique est passée d’une production multi unitaire à une production de série. Avec un carnet de commandes de 6399 avions à ce jour, AIRBUS a presque 9 ans de production assurée.
L’augmentation du volume de commandes est concomitante à un raccourcissement des délais de livraison demandé par les compagnies aériennes. Cela a contraint les avionneurs à une forte montée des cadences.
Des relations de plus en plus complexes
Les nouveaux enjeux de la supply chain (tension des cycles, augmentation des cadences, produits plus complexes) amènent les constructeurs à se préoccuper de la santé financière des acteurs (financement des investissements, absorption des délais de paiement…) et des processus de pilotage de ces acteurs. La supply chain se complexifiant de plus en plus, une crise industrielle ou financière peut mettre en péril l’ensemble de la chaîne et aboutir à sa rupture.
Pour sécuriser ce point, les donneurs d’ordres et principaux fournisseurs de rangs 1 ont mis en place des initiatives de soutien financier aux PME via la création de fonds d’investissement ou des actions de progrès pilotées par le GIFAS au travers de l’association SPACE.
Depuis maintenant presque une décennie, pour mieux répondre aux enjeux de l’aéronautique, des groupements d’intérêt économique se sont créés… Pour faciliter la réponse des fournisseurs ou tout simplement sauvegarder une place dans la supply chain.
Ce modèle a évolué puisque l’on voit maintenant naître des groupes industriels regroupant des sociétés historiquement indépendantes.
Cette consolidation permet de financer les investissements nécessaires à la montée des cadences et d’augmenter la résilience de la supply chain ; les nouvelles structures résistent mieux à des évènements industriels impromptus. Néanmoins, la réactivité et l’agilité ne sont pas encore totalement au rendez vous.
L’enjeu de la performance industrielle

Les grands donneurs d’ordres ont bien compris la nécessité de s’engager auprès de leurs sous-traitants. Sur le plan industriel, à ce jour, cet engagement prend plusieurs formes, comme par exemple :
- Massification des achats de matières premières ;
- Optimisation de la supply chain ; envoi de ressources expertes dédiées au développement fournisseurs, mise en place de plateformes collaboratives pour la gestion des flux, et bien d’autres encore.

La performance industrielle passe également par l’innovation avec le développement de nouveaux modèles industriels.
Lundi 18 mai, notre ministre de l’économie, M. Emmanuel Macron a lancé un nouveau plan pour « développer l’industrie du futur » (Industrie 4.0). Ce nouveau plan s’appuie très largement sur la numérisation de nos usines. On parle ici de réalité augmentée, d’impression 3D et d’objets connectés.
Des initiatives ont déjà été lancées sur ces sujets avec des résultats surprenants. Une question est aussi de savoir comment ces pratiques et outils peuvent intervenir dans la performance industrielle et en particulier dans l’agilité de la chaîne logistique.
On parle ici de pilotage agile des flux.
Ce pilotage repose sur deux briques de base :
- la collecte de l’information en temps réel, l’interprétation et l’exploitation des données (gestion de la connaissance) ;
- la simulation du comportement des systèmes industriels (aide à la décision).
Mais la complexité est multiple ; puisqu’il faut pouvoir gérer une masse de données très importante et repositionner la simulation et les outils d’aide à la décision non plus sur une partie d’un système industriel (une usine par exemple), mais dans un écosystème bien plus large regroupant des acteurs ayant parfois des objectifs contradictoires.
- Simulation en temps réel,
- collaboration multi acteurs,
- objets connectés,
- géolocalisation,
- Big Data,
- interopérabilité des systèmes,
- Internet des Objets,
- ou encore double numérique… sont les termes qui vont se développer dans les années à venir.
Ces termes encore trop peu connus sont des éléments de base d’une recette qu’il faudra apprendre à maîtriser ; pour soutenir et pérenniser l’industrie aéronautique du futur.