DDMRP : la fin du Kanban ?

La gestion des réapprovisionnements de buffers DDMRP présente de nombreuses similitudes avec la gestion d’une boucle kanban :

  • On crée une indépendance entre amont et aval
  • On pilote en flux tiré
  • De même, on régule le flux de réappro en amortissant la variabilité
  • On ajuste la taille des boucles au fil du temps
  • Et on pilote dans un mode de management visuel

Par bien des côtés un buffer DDMRP s’apparente à une évolution de kanban électronique et dynamique.

Il présente cependant des avantages lorsque la variabilité augmente – la thèse de Dr Romain Miclo en a fait la démonstration scientifique – lorsque la variabilité est faible la performance du kanban est excellente, mais lorsqu’elle augmente un buffer DDMRP s’adapte bien mieux, comme le résume le graphe ci-dessous issu d’un plan d’expérience.

Le kanban a été déployé largement avec succès dans certaines industries. En particulier chez les équipementiers automobiles, dont la demande présente effectivement une variabilité limitée, car cadencée par les lignes d’assemblage de constructeurs automobiles.

Toutefois, même dans cet environnement, les boucles kanbans ont souvent une portée limitée et il est rare de trouver des organisations de flux tiré « end to end ».

Quand il s’agit de déployer du kanban dans d’autres industries plus variables ou diversifiées, les problèmes s’accumulent.

L’industrie aéronautique en est un exemple. Alors que dans l’automobile on va traiter un portefeuille de quelques centaines de références avec une consommation de plusieurs milliers d’unités par jour, dans l’aéro il va s’agir de plusieurs milliers de référence pour une consommation de quelques unités par mois…

La maintenance de boucles kanbans dans ce contexte tourne souvent au cauchemar… Surtout s’il s’agit de kanbans physiques à base de cartes et de tableaux.

A l’aire de la digitalisation les kanbans électroniques sont une alternative.

Toutefois il existe plusieurs variantes sur le marché, avec des systèmes propriétaires pour les supporter.

Les buffers DDMRP permettent une approche standardisée, supportée par plusieurs logiciels « ddmrp compliant », et plus souple que nombre de systèmes de kanban électronique.

On n’impose pas nécessairement de lot fixe. Ni n’exécutons en FIFO si une priorité d’exécution s’impose. Et on n’est pas toujours en boucle finie puisqu’on intègre un élément de demande qualifiée.

Les puristes pourraient penser qu’un buffer DDMRP est plus laxiste qu’un kanban. C’est sans doute vrai.

L’environnement incertain dans lequel évoluent désormais les entreprises ne nécessite-t-il pas justement cette marge d’adaptation ?

Le kanban est-il mort pour autant ?

Sans doute pas encore complètement dans nos ateliers. Le kanban présente une solidarité entre flux physique et flux d’information encore difficile à égaler. Il est réactif à la minute, quand les mises en œuvre DDMRP sont encore le plus souvent à la journée. Il y a fort à parier que la généralisation progressive de la digitalisation des ateliers imposera progressivement les buffers DDMRP à leur place… Mais ça prendra quelques années…

Dans le déploiement du flux tiré end to end, des points de vente aux usines et à leurs fournisseurs en passant par les centres de distribution, DDMRP dès aujourd’hui s’impose !