Lorsque « BANI » veut remplacer « VUCA » !

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L’acronyme BANI (fragile, anxieux, non linéaire et incompréhensible)  est relativement récent.

L’utilisation de BANI n’est pas aussi répandue que d’autres acronymes comme  VUCA pour Volatility, Uncertainty, Complexity, Ambiguity. Il a été popularisé par le futuriste et écrivain américain Mike Walsh dans son livre « The Algorithmic Leader: How to Be Smart When Machines Are Smarter Than You », publié en 2019. Dans son livre, Mike Walsh utilise l’acronyme BANI pour décrire les caractéristiques des systèmes et des technologies dans un monde de plus en plus numérique et automatisé. Il souligne l’importance de reconnaître ces caractéristiques pour mieux comprendre les défis et les opportunités auxquels nous sommes confrontés.

Depuis, le terme BANI a été utilisé par certains experts et penseurs dans le domaine de la technologie et de la gestion pour discuter des implications des systèmes fragiles, anxieux, non linéaires et incompréhensibles dans différents domaines, y compris dans le Supply Chain Management. Non fier de développer des lapalissades, les « experts » ajoutent concepts sur concepts pour en sortir de gros gloubiboulga (Casimir appréciera !).

Quelles « connexions » existeraient entre le concept « BANI » et le Supply Chain management ?

Si nous étions provocateurs (nous ne le sommes pas) et adeptes des raccourcis (nous le sommes encore moins), nous pourrions penser à un lien de causalité entre l’anxiété de nos Supply Chain managers et la variabilité actuelle des supply chains… mais nous ne franchirons pas ce pas.

Force est de constater que le supply chain management, dans un monde en constante évolution, est marqué par des disruptions et des incertitudes croissantes. Personne ne niera ce point ! Cela impose aujourd’hui aux responsables et leaders de prendre en compte les défis économiques de manière holistique. (mot compte triple – de manière globale).

La fragilité (Brittle) dans une supply chain pourrait se référer à la vulnérabilité des systèmes et des processus.

Les disruptions imprévues, comme les catastrophes naturelles, les conflits géopolitiques ou les pannes d’approvisionnement, une crise COVID, un porte conteneur en vrac dans un canal, peuvent facilement perturber les opérations. Afin de renforcer la résilience des supply chains, il est essentiel de développer des stratégies de diversification des sources d’approvisionnement, d’adopter des modèles flexibles et d’investir dans des mécanismes de suivi et d’alerte précoce pour détecter les signes de fragilité. On voit apparaître là des solutions que nous connaissons déjà : multi sourcing, transparence, gestion et cartographie des risques, communication.

L’anxiété (Anxious) est une autre dimension pertinente pour le supply chain management.

Nous n’irions pas jusqu’à dire que la folie est partout mais les acteurs des supply chains doivent faire face à une anxiété croissante en raison de l’incertitude et de la volatilité des marchés, des réglementations changeantes et des attentes des clients. Alors comment réduire cette anxiété ? et Si nous tentions de rapprocher les acteurs autour de partenariats solides. Et si nous essayions de favoriser une communication transparente et de planification stratégique pour anticiper les éventuels scénarios problématiques. Tiens, et si nous développions les processus S&OP avec les partenaires clés.. et si nous faisions des « What if » …

La non-linéarité (Nonlinear) est un autre défi du Supply Chain Management.

Les relations entre les différents maillons de la chaîne ne suivent pas toujours une progression linéaire prévisible. Les fluctuations de la demande, les perturbations externes et les comportements imprévisibles des acteurs peuvent entraîner des effets disproportionnés. Les entreprises doivent adopter des approches agiles et flexibles, intégrer des outils d’analyse des données et développer des capacités de prévision et d’adaptation rapides pour faire face à cette non-linéarité. Irait-on dire également qu’en ces temps de développement de l’économie circulaire, la linéarité est devenue obsolète.  Évidemment, les choses sont plus subtiles. Ceci étant dit, est ce que la circularité ne permettrait pas de mieux contrôler un flux de valeur..  De là, à nous dire que l’intégration verticale est revenue à la mode ou que la bouteille consignée de nos grand-mères revient en force ? Non ! Nous n’irons pas jusque-là.  

Enfin, l’incompréhensibilité (Incomprehensible) est presque partout dans les supply chains.

Les systèmes et les processus deviennent si complexes et si difficiles à comprendre, en particulier avec la technologie et l’automatisation de plus en plus impliquées. Une solution évidente serait de promouvoir la transparence, d’investir dans des technologies de traçabilité et de visibilité, et de développer des compétences analytiques pour mieux comprendre les données et les tendances, ce qui permet une prise de décision plus éclairée. Oui, ce n’est pas faux.. mais une autre approche serait de développer la simplexité chère à Edgar Morin… Nous aimons bien cette idée de retrouver un peu de vision critique plutôt que de laisser une machine réfléchir à notre place.

Alors finalement, qu’apportent de plus les concepts de BANI au Supply Chain Mangement ? 

La compréhension des aspects fragiles, anxieux, non linéaires et incompréhensibles de la chaîne d’approvisionnement permet de développer des stratégies plus résilientes, des partenariats solides et une agilité accrue. On comprend que les entreprises pourraient mieux anticiper et répondre aux défis complexes et en évolution constante.

En résumé, BANI qualifie des conséquences non désirées de nos supply chains et les solutions adaptées sont celles défendues depuis des lustres : transparence, partenariat, anticipation, simplification, et développement des compétences… Les meilleures recettes restent souvent les mêmes…

Pour conclure et finir sur un clin d’œil : une recherche de termes proches de « BANI et VUCA » nous amène à une liste de mots tout aussi créatifs qu’inquiétants: « TUNA, DODO, FOMO, COBRA »…On s’épargne ici les définitions.. notre ami Google vous les donnera … mais on a envie de prendre un pari : on met un billet sur le fait qu’un jour, on nous parlera de SSCM : Schizophrenic Supply Chain Management..  alors les managers des supply chains n’auront plus besoin d’experts techniques pour les aider mais de « doudous » pour les consoler et les réconforter… car au milieu de toutes ces données et complexité, l’Homme sera encore présent et fera en sorte que cela marche… en tout cas, nous avons envie d’y croire.